mardi 3 avril 2012

Discours de François HOLLANDE à Tours, cet après-midi

  
   
Mesdames, Messieurs, chers amis, vous êtes venus nombreux. Rendez-vous a été pris devant le château, nous y sommes. Vous voyez ce qu’il nous reste à prendre, un autre château, dans une autre ville, et le moment arrive ! Le choix, c’est le 22 avril. Le choix, c’est de savoir dans quel pays nous voulons vivre, quel destin nous voulons donner à la France, quelle place nous voulons donner à la République. C’est vous qui allez décider.
La campagne est longue, me dit-on. C’est vrai ! J’y suis depuis un an, j’ai encore tout mon temps ! Enfin, il faudrait bientôt passer aux choses encore plus sérieuses, pas simplement faire campagne, mais diriger la France. C’est pourquoi je suis devant vous comme candidat à l’élection présidentielle. Pas pour faire campagne simplement, mais pour devenir, en votre nom, président de la République.
Le choix que notre peuple va faire pour la France, pour maîtriser son destin, pour agir dans la cohérence, dans la justice, pour redresser notre économie, ce choix se suffirait déjà à lui-même. Mais nous avons davantage encore à faire. Nous sommes la France, une grande Nation, un pays attendu partout et notamment en Europe. Beaucoup en Europe — je ne parle pas des gouvernements, mais je parle des forces vives de ces pays — attendent le choix que nous allons faire, espèrent que les Français vont donner une nouvelle orientation à l’Europe, une nouvelle direction, un nouvel espoir. Le vote des 22 avril et 6 mai n’est pas simplement un vote pour la France, c’est aussi un vote pour l’Europe !
Il est vrai que cette élection se situe dans un contexte exceptionnel. La crise est là, elle est lourde, elle est brutale. Il y a aussi une Europe qui peine à trouver la voie de la prospérité, et à qui l’on fait subir une austérité sans fin. Oui, il y a des marchés qui pèsent, il y a la finance. Eh bien là encore, le 22 avril et encore davantage le 6 mai, la démocratie doit être plus forte que les marchés, et nous devons dominer ce qui, ici ou là, nous est présenté comme une étreinte.

On m’interroge, on me dit : « Mais vous, pourrez-vous faire ce que vous promettez ? ». Oui, parce que nous ne sommes pas comme l’autre. Mais je sais bien le scepticisme, l’inquiétude, la résignation, le fatalisme. Moi, je suis sérieusement de gauche, mais je suis pour une Gauche sérieuse, celle qui ne décevra pas, celle qui ne déviera pas, qui ne se détournera pas de ses engagements.
Alors, je ne suis pas le seul candidat. Il y a en une multiplicité, dix, et je respecte les familles politiques — encore que je fais la distinction entre celles qui sont dans la République et celles qui contestent les valeurs de la République. Et je n’oublie pas la lutte que nous devons mener contre l’extrême droite, contre toutes ses thèses du mépris, du recroquevillement, du mépris de l’autre.
Au bout du compte, quand je regarde ces candidatures, et avant même le second tour, la confrontation est toujours la même : c’est celle entre la Droite et la Gauche. On peut essayer de faire des malentendus, de s’habiller de toutes manières, de se travestir, au bout du compte c’est toujours la même bataille, depuis que la République est là et a fortiori depuis que l’élection du président de la République se fait au suffrage universel, c’est toujours de savoir qui de la Droite ou de la Gauche va diriger le pays. Aujourd’hui, c’est la Gauche qui demande à prendre sa responsabilité ! Après dix ans de Droite et cinq ans sous la direction du président sortant — je dis souvent que ces années comptent double — il n’y a pas besoin de répéter l’exercice !
Ce sont deux visions de la France qui vont s’opposer. Deux visions par rapport à l’effort qu’il conviendra d’engager — il en faudra. Il devra être juste et pas simplement demander toujours aux mêmes, comme avec cette TVA sociale qui n’est rien d’autre qu’une TVA patronale — parce qu’en définitive, c’est bien pour baisser les cotisations des employeurs et pour augmenter la fiscalité sur l’ensemble des consommateurs.
Oui, deux conceptions de la solidarité, deux conceptions de l’Etat. Deux conceptions de la République et notamment des corps intermédiaires. Moi, je crois à la place, au rôle des élus dans la République. J’ai confiance dans les territoires, je salue ici le Président de Région, la Présidente du Département, les élus de la Ville. Ils représentent les citoyens. Ils animent chaque jour la vie de nos compatriotes. Ils se dévouent. Et je ne vais pas faire une campagne en prétendant que c’est contre eux que nous allons faire le changement ! Mais c’est avec eux que nous allons réussir !
Je pense aussi que les syndicats sont utiles à notre démocratie, qu’ils représentant bien plus que des intérêts particuliers. L’ensemble des partenaires sociaux concourent à l’intérêt général. Et quand on fait une guerre aux syndicats — j’en connais un qui l’a engagée —, en définitive on fait une guerre aux salariés, puisque les salariés sont représentés par des syndicats.
Je crois aux forces vives de notre pays, à tous ces militants associatifs, à tous ces grands mouvements, à toutes ces grandes organisations qui font notre fierté, qui se dévouent pour les autres. Oui, si je deviens le prochain chef de l’Etat, j’aurai besoin du concours de tous, des élus, des partenaires sociaux, des associations, parce que nous devrons ensemble transformer la France.
Et voilà que le candidat sortant a trouvé la réponse. Lui, il veut faire des référendums. Il n’en a pas fait depuis cinq ans, mais ça lui a pris ! Une espèce de repentance l’aurait saisie : il aime le peuple, maintenant ! Il l’a maltraité, mais il l’a découvert. Il ne l’avait pas spécialement invité pour fêter son élection, mais là il en a besoin parce qu’il y a une élection. Je constate qu’il a reçu l’appui — et il lui est sans doute précieux — de la Présidente du Medef, qui a dit tout le bien qu’elle pensait de sa politique. C’est un signe ! Cela devrait éclairer bon nombre de nos concitoyens…
Et voilà que le candidat sortant, donc, veut faire des référendums sur tout. Sur les étrangers, pour demander sans doute s’il y en a trop. Sur les chômeurs, pour demander qu’il y en ait moins. Sur les élus locaux, pour qu’ils fassent des économies, précisément par rapport à tout ce que l’Etat a transféré de dépenses supplémentaires vers les collectivités. Et bientôt un référendum pour savoir s’il faut des syndicats — enfin des syndicats revendicatifs, vous n’y pensez pas ! Mais des syndicats maison, pourquoi pas ? Eh bien moi, je reconnais l’utilité d’appeler au vote populaire, la nécessité à certains moments de recourir au référendum quand il s’agit de changer nos institutions ou de transférer notre souveraineté. Mais pas de référendum pour diviser les Français entre eux, pas de référendum pour stigmatiser, pour opposer, pour dénoncer !
La confrontation, c’est aussi deux manières de faire de la politique. La nôtre, la mienne, c’est de présenter un projet. Je l’ai fait à la fin du mois de janvier, après la grande réunion du Bourget, 60 engagements qui ont été largement diffusés partout — et vous y avez sans doute contribué, je vous en remercie — pour établir le contrat qui serait le mien avec les Français, pour qu’on puisse me juger le moment venu sur le respect de ces propositions. Cela ne veut pas dire que je ne puisse pas en ajouter. J’ai été amené, notamment lorsque j’ai appris que certains dirigeants d’entreprise s’étaient rémunérés jusqu’à l’indécence, à dire qu’au-delà de 1 million d’euros, une tranche supérieure d’imposition de 75 % serait introduite. J’ai cru comprendre que la proposition recevait quelque appui — mais quelque opposition aussi. Parce qu’il y a 3 000 contribuables qui disent : « Il n’en est pas question ! ». Mais si vous ne voulez pas payer, payez-vous moins et vous aurez, finalement, la solution !
Ma conception de la politique, ma conception de l’Etat, ma conception de la vérité, c’est de donner mes engagements et de les faire partager, discuter, évaluer, contester si c’est nécessaire. Le candidat sortant, lui, a attendu, je crois, jusqu’au dernier moment. Il nous dit qu’il va présenter son projet jeudi. Il aurait même pu attendre le 6 mai ! Parce qu’en fait, son projet, c’est son bilan ! Mais justement, il ne veut pas en parler. Pourquoi il ne veut pas en parler ? S’il était bon — je n’ai pas dit excellent, mais bon seulement — il se vanterait, il dirait qu’il ne veut que continuer. Eh bien non, il a fait un examen de conscience — ça lui arrive, tous les cinq ans à peu près… — et il dit : « Je veux être un président différent ». Mais moi un président différent ? S’il veut changer, c’est bien son droit… Mais moi, je crois que la meilleure façon d’y parvenir, c’est de changer de président !
Mais depuis quelques jours, avouons-le, c’est le feu d’artifice. Chaque jour, une nouvelle proposition. Je m’y perds ! J’étais sur l’Île de la Réunion avant-hier, et j’apprends qu’il a inventé une banque de jeunes — enfin, une banque pour les jeunes. Je me dis, quand même, est-ce que la première demande des jeunes c’est d’avoir un crédit, ou c’est d’avoir une formation, c’est d’avoir un emploi, c’est d’avoir un logement, c’est d’avoir un droit à la santé ? Mais je regarde dans le détail, et plutôt qu’une banque pour les jeunes, il s’agit d’un site Internet qui rapprocherait les offres et les demandes. Voyez l’ampleur du changement qui nous est proposé ! Mais chaque jour — chaque jour, même la nuit ! Quand je ne trouve pas le sommeil, cela peut m’arriver, je me dis : « Peut-être a-t-il trouvé une nouvelle proposition ? ». Mais pourquoi faudrait-il faire de nouvelles propositions, s’il ne les a pas faites pendant cinq ans ? Pourquoi les réaliserait-il, ces propositions, dans les cinq prochaines années ? Non, jugez le bilan, jugez les projets, et faites votre choix lucidement.
Il y a même, je le crains, un projet caché, celui qu’on ne vous présentera pas, qui est tout simplement l’abandon des règles en matière de temps de travail. Cette fameuse Convention emploi-compétitivité qui n’est rien d’autre que de négocier, sous la contrainte pour les salariés, le renoncement à la durée légale du travail pour garder leur emploi. Et ensuite, ce sera quoi ? Leur salaire, pour garder leur emploi ! Et bientôt, il y en a qui seront obligés de payer pour rester dans l’entreprise ! Nous refusons cette logique-là.
Projet caché d’austérité, à travers ce traité qui n’obligera pas seulement à réduire les déficits — et j’en prends ma part, nous devons y aller, parce que nous ne pouvons pas accepter l’accumulation des dettes ; nous ne pouvons pas transmettre à nos enfants, à nos petits-enfants, nos propres incapacités à payer nos propres dépenses. Mais en même temps, instaurer l’austérité pour toujours, jamais ! Ce sera le sens de la renégociation que nous ferons du traité européen.
Oui, la confrontation approche. On me dit : « Mais, ce sera aussi un choix de personnalité ». J’assume ! J’y suis prêt ! Faisons la comparaison ! Il s’agit aussi de prendre la responsabilité de désigner l’un d’entre nous comme président de la République. On me dit : « Il faut être un chef ». Chef de l’Etat oui, pas chef de tout ! Pas chef de l’Etat, chef de la majorité, chef de parti, chef de clan, comme c’est le cas depuis maintenant cinq ans ! Moi, je revendique d’être le chef de l’Etat et d’être responsable, aussi, de mes actes, de mes décisions et de mes choix – plutôt que d’être chef de tout et n’être responsable de rien, comme c’est le cas. Deux conceptions, aussi, de l’autorité. L’autorité doit élever. Elle doit permettre de nous dépasser les uns les autres, de nous donner une grande cause à poursuivre. Elle doit nous permettre d’être fiers de nous, de nous engager au-delà de nos sensibilités, de nos parcours ou de nos places dans la vie économique ou sociale, de nous mobiliser pour un enjeu qui nous paraît plus grand que d’autres, plus grand que nous-mêmes. Et cet enjeu, je l’ai dit, c’est la jeunesse de France : permettre que nous nous rassemblions autour de la réussite de nos enfants ! Voilà ce qu’est l’autorité. Fixer la direction, ouvrir le chemin, rassembler.

Et puis il y a une troisième exigence, pour être chef de l’Etat : celle de la cohérence. C’est-à-dire faire des choix qui durent, en matière fiscale. Ne pas baisser les impôts des plus favorisés au début et augmenter les impôts de tous à la fin. Ne pas dépenser sans compter en début de mandat et demander, ensuite, l’austérité pour tous. Eviter de faire des invitations de dictateurs au début de mandat, pour ensuite considérer qu’ils massacrent leur peuple. Avoir de la cohérence ! On a beaucoup parlé de « bling-bling ». C’était son affaire, si je puis dire. Ce que conteste le plus, c’est le zigzag, c’est-à-dire ne pas être capable d’avoir une ligne et de s’y tenir. La cohérence, pour moi, c’est la fiscalité, qui devra être réformée dès le début – et chacun aura le cadre dans lequel il pourra agir. La cohérence, c’est la sécurité. Nous avons besoin d’une législation, mais surtout de moyens pour la faire appliquer, plutôt que d’avoir eu 16 lois – 16 ! – sur la sécurité. Et j’entendais encore le candidat sortant dire : « Je m’étais trompé la dernière fois sur les peines de moins de deux ans. Je vais refaire une nouvelle loi ». D’ailleurs, il parle comme s’il était lui-même le législateur ! Dois-je rappeler qu’il y a un Parlement dans notre pays, et que ce Parlement devra être respecté ? La cohérence, c’est aussi d’appliquer les valeurs de la République, de les défendre, de les promouvoir. Et notamment la laïcité.
Ah ! Il s’en fait le champion, maintenant, de la laïcité. La laïcité, c’est un principe qui a toujours déterminé ma conduite, qui a toujours inspiré mes choix, et qui a toujours permis de rassembler les Français. C’est la liberté de conscience, la liberté religieuse qui doit être protégée. Et c’est la capacité de vivre ensemble, tous ensemble, dans le même espace, à égalité de droits, de devoirs ! C’est permettre la dignité de chacun, l’égalité entre les femmes et les hommes, le respect des libertés, le refus de l’intrusion de la religion là où elle n’a pas sa place, l’acquisition par chacun de son libre arbitre, de sa conscience personnelle. Et, en même temps, c’est permettre de nous élever, là encore, autour de valeurs collectives. Ce n’est pas moi qui suis allé devant l’UOIF. C’était un ministre de l’Intérieur devenu président de la République – vous le reconnaîtrez ! – où il s’est adressé à une salle où il y avait les femmes d’un côté et les hommes de l’autre. Je suis conscient qu’il était nécessaire, sans doute – sûrement même – d’expulser un certain nombre de prédicateurs dangereux. Mais la question que je me suis posée, c’est pourquoi étaient-ils encore là dans la République ? Pourquoi a-t-il fallu attendre la période des élections ou une tragédie terrible pour s’en rendre compte ? La laïcité, c’est aussi de maîtriser, lorsqu’on est au sommet de l’Etat, son vocabulaire. Et c’est ne jamais considérer que le pasteur ou le curé pourrait avoir une supérieure à celle de l’instituteur ou du maître !
Voilà le choix, mes chers amis, que vous avez à faire. Si vous êtes venus, c’est que vous vous prépariez à aller dans le sens que je souhaite. Mais nous ne sommes pas tout seuls. Il faut en convaincre d’autres. Je vais leur dire ! Leur dire d’abord que nous avons à redonner confiance. Confiance, c’est un beau mot qui ne coûte rien et qui peut rendre grand service à la Nation. Donner confiance. Confiance dans la politique. Confiance dans notre capacité de changement. Confiance dans la République, dans ses valeurs. Confiance dans nos atouts, ils sont nombreux : économiques, industriels. Je pense aussi aux services publics, à l’Etat, mais aussi à nos territoires, à notre culture qui, là encore, nous grandit, à notre démographie, à notre jeunesse. Nous avons des atouts ! Nous pouvons réussir ! Mais pour cela, il faut que nous ayons un objectif ultime.
J’ai évoqué la jeunesse – non pas pour m’adresser à elle, mais pour m’adresser à toute la Nation. Nous devons mettre d’école de la République au cœur de nos engagements. J’ai présenté mes propositions là-dessus : les 60 000 postes, mais aussi la réforme des rythmes scolaires, la reconstitution des Réseaux d’accueil des élèves les plus en difficulté, qui ont été sacrifiés ces dernières années. J’ai dit qu’il nous fallait mettre aussi, au-delà des professeurs, bon nombre de professionnels du suivi des enfants : des assistantes sociales, des infirmières scolaires, des médecins scolaires, des surveillants. Et puis un service public de l’orientation, pour que les élèves aillent dans les bonnes directions pour avoir, demain, les bons emplois. J’ai pris l’engagement qu’aucun jeune de 16 à 18 ans ne se retrouvera sans solution. S’il n’est plus dans l’Education nationale ou en apprentissage, eh bien il y aura une formation spécifique pour ce jeune ! Parce que rien ne doit être abandonné pour aller chercher celui, celle qui peut, demain, être une chance pour la France.
Je sais les urgences. Je sais les difficultés. Eh bien nous recréerons les emplois jeunes, les emplois d’avenir et nous le mettrons dans les quartiers où il y a, justement, le plus de chômage. Je reviens, vous le savez, d’un déplacement à la Réunion, à Mayotte. 60 % — 60 % ! – des moins de 25 ans sont au chômage. Dans un certain nombre de quartiers de nos villes, ici, dans l’Hexagone, 35, 40 % des jeunes sont au chômage ! La priorité, ce sera l’emploi des jeunes ! Emplois d’avenir, contrat de génération, service civique : tout, tout sera fait pour l’emploi des jeunes !

Le deuxième mot essentiel, c’est la justice. Je serai le président de la justice rétablie. Justice fiscale, à travers la réforme fiscale ! Justice sociale, pour donner accès à tous à une santé de qualité ! L’hôpital public ne sera plus considéré comme une entreprise, mais comme un service public ! Les dépassements d’honoraires seront. La médecine de ville encouragée à s’installer là où elle est attendue. Justice sociale en matière de retraite, avec l’esprit de responsabilité qui est le mien. Celles et ceux qui ont travaillé tôt, qui ont eu leurs anuités, 41 années, partiront à 60 ans ! Et ce sera la première décision que nous prendrons au lendemain de l’élection. J’instaurerai aussi, parce que je suis conscient des difficultés des concitoyens en termes de pouvoir d’achat, une forme de bouclier sur les prix essentiels. Je pense à l’eau, à l’électricité, au gaz, où nous introduirons un tarif de base. Je pense aussi à l’essence, au carburant, au gasoil, dont nous bloquerons les prix pendant trois mois pour bien comprendre les circuits de distribution. Et ensuite, nous introduirons une fiscalité différente de celle d’aujourd’hui pour que l’Etat ne gagne pas un seul centime d’euro sur la hausse du prix des carburants.

Justice ! Justice ! Je pourrais vous en parler ! Ce sera le sens du mandat que j’exercerai, si vous m’en donnez la responsabilité. Je ne demanderai à être jugé que là-dessus. Qu’aurai-je fait pour les jeunes ? Qu’aurai-je fait pour la justice ?
Mais je sais aussi qu’il y a un besoin de respect, d’exemplarité. Le prochain chef de l’Etat devra, de ce point de vue, être au-dessus de tout. Etre capable de faire respecter les lois de la République, de faire vivre le Parlement, d’avoir un vrai gouvernement – rendez-vous compte, même, avec un vrai Premier ministre et avec des ministres qui auront des responsabilités ! Quel changement ! Avoir une justice indépendante, avec des magistrats du Parquet nommés comme les magistrats du Siège, sans avoir rien à redouter de l’intervention de la Justice. Avoir également des comportements politiques différents. Et des lois seront votées pour le non cumul des mandats, pour la parité, qui devra être un fait puisqu’elle est déjà reconnue dans nos textes. Bref, une autre manière d’exercer le pouvoir, d’incarner la responsabilité. Bref, dire aux Français que le changement, c’est aussi dans les pratiques et les méthodes !
J’engagerai aussi – et je suis conscient que cela va bien au-delà de la Gauche et de la Droite et que cette question n’est pas l’apanage de quelque candidat que ce soit – la moralisation de la vie politique. Et puisqu’il y a des débats qui reviennent après chaque campagne sur le financement des campagnes électorales, justement, eh bien il nous faudra faire une nouvelle réforme là-dessus. Pour qu’on soit sûr qu’aucun argent, y compris de particuliers, puisqu’il y en a de plus riches que d’autres, ne puisse venir troubler la transparence et la clarté de ces financements. Je ne souhaite pas que la campagne se fasse sur des affaires, mais je ne souhaite pas non plus que les affaires soient étouffées, parce qu’il y a là aussi une exigence de responsabilité !

Pour tout dire – parce que je sais que vous êtres pressés, vous devez revenir à votre travail, je pourrais vous retenir tout l’après-midi. Il fait beau, nous sommes rassemblés, nous avons envie de gagner ! Mais nous avons aussi envie de convaincre d’autres. Je vais donc vous résumer mon état de pensée. Nous devons provoquer une nouvelle donne à l’occasion de cette élection présidentielle. Pas simplement écarter le candidat sortant. C’est nécessaire. Ce sera difficile de faire avec, je préfère vous le confier. Mais nous avons un objectif bien plus élevé, une cause bien plus grande. Nous devons redonner espoir à notre pays ! Nous devons faire preuve d’audace. Il en faudra. Ne croyez pas que nos décisions seront toujours soutenues par tous nos concitoyens. Il y aura des résistances. Il y aura des conflits. Nous devons montrer un sens du rassemblement, une capacité de compromis. Mais nous devons faire avancer notre pays ! Réforme fiscale, réforme bancaire, réforme territoriale, redressement de notre industrie, mobilisation de l’épargne vers l’investissement, changement des modes de décision dans l’Etat, dans la société, dans l’entreprise. Nous avons tant à faire ! Nous ne sommes pas là pour conserver, pour garder, pour préserver. Nous ne sommes pas en résistance. Nous ne sommes pas là simplement pour défendre. Nous sommes là pour conquérir, pour arracher, pour avancer, pour faire que notre pays retrouve le chemin du progrès. J’ai appelé cela « le Rêve français ». C’est, en définitive, tout ce que nos parents, grands-parents, tous ceux qui nous ont précédés ont, à un moment, conçu et réalisé. Parce que notre pays, il en a traversé, des épreuves ! Il en a supporté, des crises ! Il a parfois douté de lui-même, y compris à travers des guerres. Eh bien chaque fois, il a été capable de se redresser, de faire appel à ce qu’il y a de meilleur chez nos concitoyens et de reprendre la marche vers le progrès, vers la liberté, vers plus de République ! Nous n’avons pas à faire moins de France pour nous redresser, moins de République pour nous faire avancer, mais au contraire, rappeler la fierté de la France et les valeurs de la République pour nous permettre d’être meilleurs demain !
Dans cette élection, où l’on nous dit qu’il n’y a pas toujours la passion – je la comprends cette insuffisance de passion parfois, quand il y a tant de douleur, tant de souffrance, tant de misère, tant de précarité et quand on se refuse, comme je le fais moi-même, de promettre ce que je ne pourrai pas tenir –, nous devons donner du sens pour que les Français décident de venir voter. Nous devons donner ce rêve, qui n’est pas inaccessible ! Il est à notre portée puisque d’autres avant nous y ont accédé. Donner du sens, cela veut dire d’abord convaincre tous nos concitoyens de venir voter le 22 avril !
Il y en a toujours qui sont en colère, qui sont les plus prompts – et je les en remercie – à aller dans les manifestations, à aller dans les grèves, à aller dans les conflits. Et puis, le jour du vote, ils se disent qu’ils ont bien le temps. Eh bien moi je vais vous dire : la meilleure leçon, pour éviter les manifestations, les conflits et les grèves, qui sont parfois nécessaires, c’est de venir voter pour le changement ! Et il y en a d’autres qui se disent toujours : « S’il y a deux tours, je peux faire l’impasse du premier. J’irai quand ce sera plus simple, quand il n’y en aura plus que deux ». Oui, mais lesquels ? C’est bien la question du premier tour ! Personne ne peut dire qui seront les deux premiers. On me dit : les sondages. Mais enfin, moi, j’ai de la mémoire. En 2002, on m’avait dit : « Il y en aura forcément deux, la Gauche et la Droite ». Et on a eu qui ? La Droite et l’extrême droite ! On me dit : « Mais ça ne reviendra plus ». Mais c’est déjà arrivé ! Et si on veut avoir la Gauche et la Droite – là, je ne parle pas aux électeurs de Droite, mais je parle aux électeurs de Gauche – eh bien faites en sorte qu’il y ait un candidat de Gauche qui soit au second tour, et le plus haut possible !
Ensuite, il y a tout ce que la Gauche sait faire, c’est-à-dire montrer sa diversité. La Gauche est belle ! Et elle est multiple ! Et parfois, elle est tellement multiple qu’elle peut ne pas être aussi belle que souhaité. Moi, je respecte toutes les candidatures. Elles représentent une sensibilité. Je remarque simplement que la Droite, elle, quand il y a l’épreuve, quand il y a le danger, quand il y a la menace, la nôtre – parce que la Droite ne veut pas quitter le pouvoir, pour celles et ceux qui auraient des doutes, elle va se battre jusqu’au bout, parce qu’elle considère que nous ne sommes pas légitimes, nous, à venir aux responsabilités du pays. Une fois ça suffit, avec François Mitterrand, mais pas deux. Surtout qu’ils ont eu deux fois François Mitterrand ! Mais nous, nous ne pouvons pas simplement être dans la nostalgie – dans le souvenir pour les plus anciens, ou dans la découverte dans les livres d’histoire pour les plus jeunes – de 1981. Nous avons de nouveau rendez-vous avec la victoire ! L’espoir de la Droite, qui utilise tellement de peurs qu’elle peut avoir parfois, elle aussi, droit de rêver à son succès et de le préparer, quel est-il ? C’est que la Gauche se disperse, la Droite s’étant unie derrière une seule candidature et, ainsi, que le premier tour puisse être moins difficile que prévu. Et ensuite, nous dire que tout serait de nouveau possible. J’ai même entendu le candidat sortant faire des compliments sur le candidat du Front de Gauche ! Il l’a trouvé très bien ! Jean-Luc Mélenchon n’y est pour rien. Il n’est pas responsable. Mais alors Nicolas Sarkozy, s’il avait à voter, c’était pour le candidat du Front de Gauche ! Il a trouvé très bien ses propositions. Il a trouvé qu’il faisait une bonne campagne, qu’il avait du dynamisme. Moi j’ai tout compris, parce qu’il n’est pas difficile à déchiffrer, Nicolas Sarkozy !
Eh bien vous, si vous voulez gagner, si vous voulez changer, c’est au premier tour que vous devez le faire !
Voilà, chers amis, ce que j’étais venu vous dire à Tours, tout près de ce château où, me dit-on, Jeanne d’Arc était venue après avoir conquis Orléans. Eh bien je reviendrai à Tours, moi aussi, après avoir conquis ce que vous me permettrez de faire !
Je n’ai pas d’armure, pas de cotte de mailles, pas de protection particulière. Ma seule arme, c’est vous ! C’est le suffrage universel ! C’est votre appui ! C’est votre soutien ! C’est votre engagement !
Et je retiens cette belle expression qui m’a été donnée, là encore, à l’occasion d’un de mes déplacements d’Outre-mer. Un de nos concitoyens a dit : « Nous allons voter. Nous allons vous voter. Nous allons voter la victoire ».
Eh bien oui, votons la victoire le 22 avril ! Votons la victoire pour nos idées, pour la Gauche pour la République et pour la France !
Merci !
   

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