mercredi 20 octobre 2010

Retraites : 23 000 manifestants hier à Tours

A Tours, une manifestation sous haute tension
20/10/2010 05:46
  
Il y avait de la nervosité dans l'air et une ambiance lourde hier à Tours où des milliers de manifestants ont défilé contre la réforme des retraites.
  
La manifestation d'hier a été la plus tendue de toutes (dix depuis le printemps). - (Photo NR, Jean-François Bignon) - Photo NR
  
   
Cette sixième manifestation depuis la rentrée de septembre, débute tambours battants, place de la Liberté. Beaucoup de bruits, de slogans, de tracts, de banderoles, de visages tendus, de commentaires acerbes, quelques fumigènes. Plus que d'habitude. Il y a un risque de débordements. Chacun en est conscient. La police est sur les dents. Des rues sont condamnées, des commerces fermés, échaudés par les derniers rassemblements. Beaucoup de lycéens et étudiants (1.500 à 2.000) sont dans le cortège mais aussi sur les trottoirs, ce qui perturbe les forces de l'ordre et les syndicats qui redoublent de vigilance.
Place Jean-Jaurès, il y a de la tension dans l'air. Puis, l'immense foule s'engouffre rue Nationale. Beaucoup de drapeaux syndicaux et politiques flottent au-dessus des têtes. L'extrême-gauche est très présente. La première moitié du cortège est dense et agité, avec la présence massive et compacte des jeunes. La seconde moitié est plus « classique », avec les salariés des entreprises du privé (loin d'être les plus nombreux), du public, les enseignants, les partis politiques.
Parmi les slogans : « Les jeunes au turbin, les vieux au jardin ! » ; « Une retraite de député pour tous ! » ; « Les peuples n'ont pas à payer la crise du capitalisme » ; « Berceau, boulot, caveau, on n'en veut plus de cette vie-là. » Palme de l'originalité au quartier Paul-Bert de Tours, qui défile sous sa propre banderole. Une femme, qui vient du Mans, constate : « C'est calme, à Tours ! » Pas tant que cela. A son retour place « Jean-Jo », la tête du cortège s'échauffe, organise un sit-in sous les balcons de l'hôtel de ville. La police contrôle l'identité de quelques lycéens (dont deux ayant le visage dissimulé), ce qui déplaît. Et des petites affiches pro-réforme des retraites scotchées sur des fenêtres irritent les plus nerveux. Des jets d'oeufs, de peinture et un mini-mouvement de foule suivent. Sans plus.
Voir la vidéo sur : www.lanouvelle republique.fr

billet
Le plein ici le vide là
Les syndicats pouvaient se réjouir et parler de succès, hier, sans, toutefois, tomber dans l'euphorie. Ils ont fait le plein. La manifestation de Tours a rassemblé beaucoup de monde encore. Et malgré la pression, il n'y a pas eu de casse. Aux pompes à essence, en revanche, c'était le grand vide, et cela reste la grande préoccupation des automobilistes aujourd'hui. Comment se ravitailler en gasoil ? Les quelques stations approvisionnées hier ont été prises d'assaut. Vivement les vacances, se disent beaucoup.

à la loupe 
Rester crédible sur les chiffres  
La NR a voulu comptabiliser les manifestants hier à Tours, histoire de s'approcher de la réalité. Impossible car la première partie du cortège était très dense et mouvante avec la présence des lycéens et étudiants. Toutefois, en fonction des repères habituels, une première conclusion s'imposait : le record n'était pas battu. C'est celle du 7 septembre qui a mobilisé le plus : 13.000 personnes, selon la police.
La police, on l'a vue à l'oeuvre à nouveau hier. Les « RG » travaillent sérieusement, à trois, avec leur petit compteur en main : « Tous les 50 manifestants, un clic. J'arrive au final à 199 clics », expliquait l'un d'eux. Un autre confiait : « On a aussi beaucoup de syndiqués dans nos rangs. On n'a aucun intérêt, croyez-le, à dégonfler les chiffres ! » Dans ces circonstances, croire la police n'est pas honteux !
Les syndicats, eux, procèdent par estimations : « On considère qu'il y a 8.000 personnes rue Nationale quand elle est pleine. » Jusqu'à la place de la Liberté, ils doublent. C'est de bonne guerre d'arrondir les angles. Un responsable syndical admet que « cette querelle de chiffres est dérisoire ». On ne peut qu'être de son avis : une manifestation à 10.000 personnes, de toute façon, c'est un gros succès populaire ! Pas utile d'en rajouter, car tout le monde y perd en crédibilité dans l'affaire.

à chaud
Michel, retraité d'Amboise
« Le financement des retraites n'est pas si cataclysmique qu'on le dit. Mais j'imagine pourquoi le gouvernement ne discute pas. Et je regrette qu'aucune caisse de solidarité n'ait été créée par les grévistes. J'ai commencé à travailler à 14 ans et pris ma retraite à 56 ans. C'est une chance que les autres n'auront pas : évoluant dans les services en informatique, je ne supportais plus la pression. »
Anaïs, lycéenne
à Chinon
« Lundi, ça a un peu dégénéré avec les forces de l'ordre. On a été choqué, on a vu combien le système va mal. Mais si on est venu à Tours, c'est surtout pour les retraites. On est en terminale, on s'inquiète pour nos études, mais quelques semaines ne vont pas nous faire rater notre bac.
On tiendra le mouvement tant que le gouvernement ne cédera pas. Même s'il faut revenir après les vacances... »
Yann, professeur
en collège
« J'ai fait une manif sur deux. Le mouvement s'élargit, mais je suis pour les actions ponctuelles. Prof d'éducation civique à Saint-Pierre, je pense que les lycéens vont y apprendre le civisme. Ces actions sont un rite de passage dont on retire forcément quelque chose. Les collégiens de Jacques-Decour ont essayé de se mobiliser lundi. C'était plus une plaisanterie. L'argumentaire n'était pas construit. »
  
O.P. 
   
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Source : Nouvelle République  
  

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