vendredi 22 octobre 2010

Débat d'actualité au Conseil régional du Centre

     
Intervention de Jean-Marie BEFFARA, lors du débat d'actualité au Conseil régional du centre, le 21 octobre 2010 
  
Monsieur le Président, 
Mes chers collègues, 
   
Après un drôle d'été où le gouvernement, pour faire oublier les affaires et la contestation de la réforme des retraites, a utilisé les questions de sécurité, parfois de manière nauséabonde, pour faire diversion, la rentrée s'est déroulée dans un climat de grandes incertitudes. 
Dans les lycées, et c'est sur ce sujet que je souhaite centrer mon propos, les inquiétudes étaient nombreuses.
Faut-il rappeler, le cafouillage (et le mot est faible) autour des manuels scolaires. Ce qui nous a permis d'apprendre que pour le ministre de l'éducation les familles pouvaient sans la moindre difficulté payer 100 à 150 euros pour permettre à chaque jeune d'acheter ces manuels qui souvent d'ailleurs du fait de l'imprévoyance de l'Etat n'étaient même pas disponibles. Le conseil régional, attaché au principe, de l'égalité des chances et à la gratuité des manuels scolaires pour les lycéens (effective en Région centre depuis 1998) s'est très vite engagé pour maintenir ce principe et ainsi rassurer les familles. Mais, là encore, nous avons eu à faire face à une charge nouvelle créée par une décision unilatérale de l'Etat.
Rentrée placée sous le signe de l'inquiétude encore du fait d'une réforme des classes de secondes, dont les programmes ont été rédigés dans l'urgence, et les contenus mal maîtrisés par les équipes enseignantes et dont les contours restent pour le moins obscures pour les élèves et leurs parents.
Inquiétudes encore générées par la réforme de la formation des enseignants avec l'arrivée devant les élèves de nouveaux professeurs privés de toute vraie formation, dont beaucoup cherchent aujourd'hui encore leur tuteur.
Inquiétudes enfin lorsque la réduction drastique du nombre d'enseignants 16000 en 2010 soit un peu plus de 200 dans les lycées de la Région Centre ont conduit de nombreux chefs d'établissement à douter jusqu'au dernier moment de disposer des moyens nécessaires pour enseigner toutes le matières et parfois à supprimer des options.
  
C'est donc dans ce climat, extrêmement difficile que s'est déroulée la rentrée scolaire des jeunes lycéens en région centre comme dans tous les établissements de France.
  
Si l'on ajoute à cette situation, les inquiétudes générées par la crise économique, qui depuis deux ans frappe plus durement encore les jeunes que les adultes, comment s'étonner aujourd'hui de l'engagement des jeunes et notamment des lycéens dans la contestation de la réforme des retraites.
  
Car en effet, notre pays et ce gouvernement en particulier s'occupent mal de sa jeunesse. Et la crise a accentué ses difficultés :
  
En deux ans, le taux de chômage des jeunes a atteint des chiffres jamais atteints. Avec prés de 24% des jeunes en situation de demandeurs d'emploi, le nombre de jeunes demandeurs d'emploi a augmenté de prés de 30% en deux ans et le nombre de ceux qui cherchent un travail depuis plus d'un an a augmenté lui de 72%.
Alors qu'il baissait régulièrement jusqu'en 2002, le taux de pauvreté en France augmente de nouveau, pour frapper là encore plus fortement les jeunes que les autres catégories de population. En effet, 9,5% des moins de 18 ans et 11,5% des 18 29 ans vivent en dessous du seuil de pauvreté, contre seulement 5 à 6% des Français de 30 à 59 ans.
Et l'on pourrait ajouter à cette liste, les difficultés d'accéder à un logement, à la santé, ou encore au crédit bancaire.
  
Comment s'étonner en effet que ces jeunes s'associent à la contestation d'un projet de loi sur les retraites qui n'apporte aucune réponse à aucune des questions qui pèsent sur leur avenir.
  
Car la proposition du gouvernement reste silencieuse sur des des solutions pour garantir aux jeunes la capacité de bénéficier un jour d'une retraite par répartition.
Aucune disposition ne traite de l'entrée des jeunes sur le marché du travail, aucune proposition n'est faite, notamment pour revenir sur l'encouragement du cumul emploi retraite ou sur l'exonération des heures supplémentaires qui prive chaque année les jeunes de 90 000 emplois nouveaux et coûte à l'Etat 3 à 4 Milliards d'euros. Rien n’est dit non plus pour permettre aux étudiants qui entrent plus tard sur le marché du travail pour valider leurs années d'études dans leurs cotisations retraite. Rien n’est dit encore sur la formation tout au long de la vie et sur la sécurisation des parcours, rien n’est dit enfin pour les jeunes entrant très tôt dans la vie active, notamment par la voie de l'apprentissage et qui à 62 ans auront, pour certains, 44-45-46 ans de cotisations.
Comment avec tout cela s'étonner de la mobilisation des lycéens, comment avec tout cela prétendre qu'ils sont manipulés, ou que la question des retraites ne les concerne pas, ou seulement dans cinquante ans. Prétendre cela, c'est être sourd et aveugle au mal-être vécu par la jeunesse de ce pays, qui refuse d'être seulement responsable pénalement dés 14 ans et considérée comme irresponsable quand il s'agit de construire l'avenir.
Alors Mesdames et Messieurs les élus du groupe UMP, je vous le demande presque solennellement, usez de votre influence, et je sais que certains d'entre vous en ont (pour quelques temps encore sans doute) pour expliquer à votre état major, qu'en remettant à plat, cette réforme des retraites injuste, inefficace et qui ne règle pas la question dans la durée, le gouvernement ne se reniera pas mais profitera d'une formidable occasion de redéfinir le pacte qui fonde les relations entre les générations dans notre pays et de redonner à la jeunesse toute la place qu'elle attend, sans rien voir venir, depuis des années.
  
Alors, comme je doute que mon appel soit entendu ce matin, ou du moins, s'il l’était, qu'il soit de nature à infléchir la politique de ce gouvernement, je souhaite réaffirmer, avec l'ensemble des élus du groupe PS PRG notre volonté de poursuivre et d'amplifier nos actions en direction des jeunes, lycéens, apprentis, étudiants, demandeurs d'emploi,salariés, pour qu'en Région Centre les jeunes ne soient pas un problème mais la solution pour construire avec l'avenir de notre territoire. 
   

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